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jeudi 1 janvier 2009

Open meeting – Swiss School of Archaeology in Greece – 2010

Karl Reber (Director) and Sylvian Fachard (Scientific Secretary) will present the activities of the Swiss School in 2008.It will be followed by a conference (in French) by Matthieu Honegger, Professor of Prehistory at Neuchâtel University and Director of the Swiss Mission at Kerma (Soudan) entitled « Les origines de Kerma (Soudan) vers 2500 av. J.-C.: naissance d’un royaume africain au bord du Nil. »

Kerma, un site archéologique prestigieux

En Nubie, à partir de 2500 av. J.-C., se développe un puissant royaume qui tiendra tête à l’Empire égyptien durant près d’un millénaire. De quelle manière cette première formation étatique africaine s’est-elle imposée sur un vaste territoire, bien avant d’autres royaumes et Etats?

De nos jours encore, la Nubie incarne l’image d’une contrée lointaine et mystérieuse, traversée par le Nil et s’ouvrant sur l’Afrique noire, ses richesses et son exotisme. Bien qu’elle ait longtemps été dépourvue d’écriture, la civilisation nubienne affiche un dynamisme et une originalité remarquables tant sur le plan culturel qu’économique.
Kerma est l’un des sites majeurs de la vallée du Nil. Fouillé par une équipe suisse depuis plus de trente ans, il a livré des vestiges exceptionnels, enfouis dans les ruines de villes antiques, de temples monumentaux et de vastes nécropoles. C’est la capitale du premier royaume de Nubie. Cette région, qui renferme également les plus anciens cimetières du continent, est enfin le lieu de découverte des statues des pharaons noirs.

L’agglomération découverte par Charles Bonnet en 1986 a fait l’objet de premiers dégagements jusqu’en 1988. En 1994, Matthieu Honegger reprend la fouille par décapages extensifs, sur le site localisé au centre de la nécropole orientale de Kerma.
L’agglomération marque une étape importante vers l’émergence d’établissements permanents, où la sédentarité conditionnée par l’agriculture prend progressivement le pas sur la mobilité liée à la pratique de l’élevage. Elle présente une architecture originale, issue d’une tradition d’Afrique noire. Des palissades et des contreforts composés de pieux et de terre rapportée, organisés en arc de cercle ou en rangées parallèles, ceinturent des huttes d’habitations, des enclos à bétail et des fosses de stockage. Il s’agit sans doute d’un important système défensif, dont seule une partie a été mise au jour actuellement. Sa présence ainsi que celle de bâtiments rectangulaires traduisant un certain degré de spécialisation tendent à montrer une forme de complexification sociale inédite en Haute Nubie pour cette époque.
Le Pré-Kerma, daté entre 3500 et 2500 av. J.-C., laisse encore planer beaucoup d’interrogations, en raison du peu de sites d’habitats repérés et de la rareté des tombes découvertes. Il est actuellement difficile de déterminer son extension territoriale, son organisation sociale et son évolution, néanmoins il constitue le substrat culturel à partir duquel se développe la civilisation de Kerma.