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lundi 27 septembre 2010

La cité grecque d’Erétrie s’expose à Bâle

Erétrie, vous dites?

L’exposition « cité sous terre » propose de vous plonger en terre grecque et de vous emmener à Erétrie, station balnéaire située à environ 1 heure de voiture au nord-est d’Athènes. Vous y serez invités à parcourir les rues de la ville contemporaine et à en découvrir l’histoire au détour des maisons reconstituées.
L’antique cité d’Erétrie connaît un développement considérable dans la première moitié du VIIIe siècle av. J.-C. Les constructions d’habitations se multiplient et les habitants commencent à se livrer au commerce maritime. Avec leurs voisins de Chalcis, ils participent au mouvement de colonisation du VIIIe siècle, qui conduit des Eubéens à s’établir en Grèce du Nord, en Italie, ainsi que sur la côte syrienne. Ils jouent alors un rôle central dans la diffusion de l’alphabet phénicien en Occident.
Au IV-IIIe siècle av. J.-C., la cité connaît une seconde période d’éclat. Le territoire de la cité est élargi, de nouveaux bâtiments publics sont construits, tandis que de riches particuliers se font élever de splendides demeures. Les Romains ne l’épargneront cependant pas, ni en 198, ni en 86 av. J.-C. Saccagée, la ville se relève et s’adapte à la nouvelle situation politique. Elle poursuit une vie modeste et apparemment paisible au sein de l’Empire, mais perd progressivement de l’importance avant son abandon au VIIe siècle apr. J.-C.

Luxe et mosaïques

Comment vivaient les habitants de la Grèce antique, à quoi ressemblaient leurs demeures, où faisaient-ils leurs achats, où se réunissaient-ils ? A ces questions, les fouilles suisses ont apporté nombre de réponses permettant de brosser l’image vivante d’une agglomération vieille de plus de 2500 ans. Plongeant les visiteurs au coeur de la cité, l’exposition illustre les activités des habitants et présente l’architecture et l’habitat d’Erétrie. Les vastes demeures du IVe et IIIe siècle av. J.-C. comptent d’ailleurs parmi les mieux connues de la Grèce antique. Le meilleur exemple est donné par la Maison aux mosaïques (IVe siècle av. J.-C.), dont certains sols sont décorés de pavements de mosaïques à galets ornés de scènes mythologiques : sphinx et panthères, Néréide, griffons, etc. Une maquette de la maison ainsi qu’une reproduction grandeur réelle vous permettront de mieux vous les représenter.

Des dieux...

Les habitants d’Erétrie vénéraient de nombreuses divinités et ont édifié pour elles divers temples et sanctuaires. L’exposition présente ces espaces religieux, à commencer par le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros – divinité tutélaire d’Erétrie -, aménagé dès le VIIIe siècle av. J.-C. au centre de la cité. Entre 530 et 520 av. J.-C., le temple est reconstruit, ses frontons accueillant dès lors un programme sculptural monumental. On peut admirer le buste de la déesse Athéna ainsi qu’une très belle Amazone agenouillée, conservée aux Musées capitolins de Rome. Un moulage du rapt de la reine Antiope par Thésée permet également de se représenter les couleurs ornant à l’origine chacune de ces statues. Une maquette illustre enfin la technique de construction d’un tel temple au VIe siècle av. J.-C., les machines qu’on y employait et le travail des tailleurs de pierre.
L’exposition aborde également les sanctuaires et offrandes des autres divinités importantes découverts à Erétrie, qu’il s’agisse d’Athéna sur l’acropole, de Déméter et Koré sur ses flancs, de Dionysos à côté du théâtre ou des dieux égyptiens près du port. Des fragments de statue d’empereur romains cuirassés, honorés au coeur de la cité romaine, sont également présentés.

... et des hommes

La dernière partie de l’exposition « cité sous terre » dévoile les rites funéraires pratiqués par les Erétriens au cours des siècles et leur apport pour notre connaissance de la société antique. L’exposition présente en particulier une petite nécropole de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. aménagée autour de la tombe d’un héros : les cendres du mort étaient enveloppées dans du tissu et placées dans un récipient de valeur avec armes et bijoux selon un rituel qui rappelle les funérailles de Patrocle décrites dans l’Iliade. Plusieurs ensembles funéraires du VIe siècle av. J.-C. à l’époque byzantine sont également exposés, avec pour point fort, la visite d’une reconstitution de la tombe aux Erotes. Ce caveau de type macédonien doit son nom aux 28 statuettes en terre cuite ailées suspendues sous la voûte. Aidé d’une lampe de poche, vous pourrez pénétrer dans le tombeau afin d’y découvrir le mobilier de marbre et les peintures murales qui accompagnaient les défunts.

Dans une scénographie peu habituelle, mêlant notamment reconstitutions grandeur nature, maquettes, projections et collages, l’Antikenmuseum vous invite ainsi à découvrir ou redécouvrir cette cité pluri-séculaire. Les enfants ne sont, quant à eux, pas oubliés et seront sans doute ravis de se glisser dans la peau d’archéologues, équipés d’une valise d’outils et d’ustensiles (à demander à la caisse). Ils pourront suivre un parcours pédagogique spécialement développé et participer aux différents ateliers organisés pour eux. Une belle promenade en perspective!
A voir du 22 septembre 2010 au 30 janvier 2011 à l’Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig.