Actualités des recherches archéologiques suisses en Grèce
L’École suisse publie depuis 2015 un rapport annuel de ses activités scientifiques destiné au grand public. Ce rapport est disponible à la fin de l’année en cours en deux versions, français-allemand et grec-anglais.
Actualités des recherches archéologiques suisses en Grèce 2024
Sous le soleil de juillet, les derniers coups de pioche et de truelle annoncent la suspension provisoire des activités de fouille dans l’Artémision d’Amarynthos après treize campagnes continues (2012–2024). Les outils de chantier cèdent la place aux scalpels, q-tips et claviers d’ordinateurs, tandis que les fouilleurs se cloîtrent en bibliothèque et au musée. C’est le travail de l’ombre de l’archéologie qui commence, avec l’analyse des découvertes et leur publication. Une journée de fouille nécessite au moins 20 jours d’étude! Faites le calcul, le «temps archéologique» est très long… Il nécessite un cadre, un suivi et un soutien financier constant pour restaurer, exploiter et mettre en valeur chaque élément de l’enquête. Le secteur du temple à lui seul nécessite la collaboration de plusieurs dizaines de chercheuses et chercheurs du monde entier. Avec les années, l’ESAG a mis en place un dispositif robuste qui doit permettre à nos équipes de publier les premiers vestiges de l’Artémision dans un horizon que nous espérons proche. Le processus de publication est bien engagé, puisque cette fin d’année 2024 voit la publication du premier volume de la nouvelle série AMARYNTHOS. L’honneur en revient tout naturellement à Denis Knoepfler, qui publie un décret relatif au sanctuaire et aux institutions de la cité et qui livre ici une leçon magistrale sur l’histoire complexe de l’Eubée à l’époque des Diadoques (323–278 av. J.-C.).
Même si les projecteurs de l’actualité ont été braqués ces dernières années sur les fouilles d’Amarynthos, les enquêtes au long cours se sont poursuivies à Érétrie également. On en trouvera un aperçu à la fin de ce numéro, avec le portrait croisé de trois chercheuses. D’autres études sont en cours, en particulier sur la céramique préhistorique (Sylvie Müller), classique (Claudia Gamma) et romaine (Simone Zurbriggen), mais c’est avant tout la céramique archaïque d’Érétrie qui est à l’honneur avec la publication de la thèse de Tamara Saggini dans la collection ERETRIA, tome XXVI. Son ouvrage offre un riche panorama de la céramique du 6e et du début du 5e siècle av. J.-C. et apporte un éclairage original sur un épisode charnière dans le destin d’Érétrie, qui voit la prise de la cité par les troupes perses lors des Guerres médiques.
En parallèle, la mission de formation et de recherche de l’ESAG continue. Cette année, de nombreux stages pratiques ont ainsi permis aux étudiant·e·s suisses de parfaire leur apprentissage dans les domaines de la céramique, du petit mobilier et de l’architecture. Sur le terrain, d’autres projets d’envergure se sont déroulés sous l’égide de l’ESAG tant en Eubée qu’ailleurs en Égée: la prospection entre Érétrie et Amarynthos se poursuit et les fouilles du mont Hellanion Oros à Égine ont livré cette année encore des informations captivantes sur l’occupation de l’île à l’Âge du Bronze et au début de l’Âge du Fer. À Anticythère, les fouilles sous-marines n’en finissent pas de remonter à la surface des éléments de la fameuse épave et de sa cargaison. 2024 marque également la reprise d’activités dans le terrain à Érétrie, avec un projet triennal de relevés et d’étude des vestiges du port; grâce à une collaboration avec l’Éphorie des Antiquités sous-marines et la Fondation Octopus, des plongeurs ont nettoyé et documenté des sections des installations portuaires antiques et de fortifications qui les défendaient.
L’archéologie fait également des avancées scientifiques loin du terrain, en laboratoire et en blouses blanches: le projet d’ADN ancien mené en collaboration avec la Faculté de Biologie de l’Université de Lausanne a donné des premiers résultats remarquables sur l’identité des populations anciennes d’Érétrie, de l’Âge du Bronze à l’époque romaine tardive. L’apport des sciences de la vie et de la terre permet ainsi aux archéologues de poser de nouvelles questions et d’élaborer un discours mieux fondé et plus complet sur le passé.
1964–2024
L’année 2024 marque le soixantième anniversaire du début des fouilles suisses à Érétrie. C’est l’occasion de rappeler le caractère visionnaire et précurseur du rôle joué par nos prédécesseurs, Karl Schefold et Lily Kahil du côté suisse, Ioannis Papadimitriou et Vasilis Petrakos du côté grec. Sans leur action combinée, l’archéologie suisse en Grèce ne serait pas ce qu’elle est à l’heure actuelle.
Au chapitre des jubilés, 2025 sera l’occasion de célébrer les 50 ans de l’École suisse d’archéologie en Grèce, seule mission archéologique suisse permanente hors des frontières nationales, sans laquelle, faut-il le rappeler, il serait impossible de conduire des fouilles et des activités de recherche suisses ambitieuses en Grèce.
Fouille au sommet de l’Hellanion Oros (Égine)
Le programme quinquennal de recherches sur le mont Hellanion Oros sur l’île d’Égine comporte deux volets: la fouille du sommet et la prospection archéologique de l’extrémité méridionale de l’île, autour de l’Hellanion Oros. Lors de cette quatrième campagne, les travaux de l’équipe gréco-suisse se sont concentrés sur les vestiges du village fortifié datant de la fin de l’époque mycénienne. Plusieurs constructions ont livré de nombreux récipients de stockage et de cuisson, ainsi qu’une tombe. La prospection a révélé deux sites inédits dont l’un de la fin du 4e – début du 3e millénaire av. J.‑C. et l’autre des époques mycénienne et historique, ainsi qu’une carrière de pierre volcanique.
L’Artémision d’Amarynthos (Eubée), fouilles et prospections
La fouille d’été 2024 dans l’Artémision est la dernière campagne dans la zone du temple avant que les recherches n’entrent dans une nouvelle phase d’étude et de publication. Parmi les découvertes, citons le fait que le temple de la fin du 8e siècle avant J.-C. disposait d’un porche arrondi en façade. Sous ses fondations, deux bâtiments plus anciens datant de l’époque mycénienne ont été mis au jour. La fouille de Paleoekklisies a atteint le sol naturel de la colline sous 3 m de sédiments et a livré une grande quantité de céramique datée du début de l’Helladique ancien I, vers 3000 av.
Le projet Eretria-Amarynthos Survey étudie l’évolution de l’occupation humaine dans la plaine d’Érétrie depuis l’Âge du Bronze jusqu’à l’époque byzantine. Une attention particulière est accordée au sanctuaire d’Artémis et à son influence dans l’organisation spatiale de la région. Dans le cadre de la quatrième campagne, les rives du Sarandapotamos ont été étudiées afin d’assurer la continuité avec les recherches précédentes. Malgré le faible nombre de découvertes archéologiques dans le delta, des concentrations importantes ont été identifiées dans des zones plus élevées. Des vestiges datant de l’Antiquité et de l’époque byzantine ont été découverts à Gymnou, attestant l’existence d’un site d’importance.
Relevés des structures portuaires d’Érétrie
L’exploration des structures sous-marines du port d’Érétrie a débuté en 2024 avec une première campagne de nettoyage et de relevés. Les fortifications maritimes ont été nettoyées et leur plan complété tandis que les structures du port ont pu être topographiées pour la première fois. Plusieurs zones de blocs éparpillés et quelques structures doivent encore être clarifiées. Parallèlement, un levé bathymétrique a permis d’identifier des zones intéressantes et de repositionner les structures après une estimation de la ligne côtière antique.
Recherches sous-marines à Anticythère
L’équipe d’archéologues et de plongeurs suisses et grecs a achevé en mai-juin la quatrième campagne de recherches subaquatiques sur le site de l’épave d’Anticythère. Les travaux s’inscrivent dans le cadre d’un programme de recherche quinquennal (2021-2025) de l’École suisse d’archéologie en Grèce, dirigé par l’Université de Genève (UNIGE). Les fouilles systématiques sous-marines, qui ont de nouveau profité de techniques de pointe, comme des drones subaquatiques et de la photogrammétrie, ainsi que de l’installation d’un laboratoire scientifique sur l’île d’Anticythère, ont mené à la découverte d’une partie de la coque de l’épave sur le site A. Les premières études du site B ont également révélé des indices de restes de bateaux sous le fond marin. La relation entre les deux zones, distantes de 200m, devra encore être clarifiée.
Actualités des recherches archéologiques suisses en Grèce 2023
Comme dans tout générique de film, les dernières images du documentaire Artémis, le temple perdu défilent en énumérant les actrices et acteurs de cette grande aventure collective que fut la découverte du sanctuaire d’Amarynthos. Avec la diffusion de ce film-documentaire sur la RTS et Arte, en attendant la traduction prochaine en italien et en grec moderne, c’est une importante page de l’histoire de la recherche qui se tourne. Si cette découverte peut aujourd’hui apparaître comme une évidence, elle n’était encore qu’un lointain horizon au début des années 2000.
L’Artémision d’Amarynthos (Eubée), fouilles et prospections
Les fouilles 2023 à Amarynthos ont permis de dégager le temple d’Artémis dans son entièreté. Au moins trois édifices se sont succédé à cet emplacement: le plus ancien remonte au 8e siècle av. J.-C., voire encore avant. Un hekatompedon archaïque lui succède, dont la fouille a livré plusieurs centaines d’offrandes précieuses; les espaces intérieurs abritaient également plusieurs autels. Le dernier temple, dont seules les fondations sont conservées, est édifié à la fin du 6e siècle av. J.-C. Les sondages sur la colline de Paleoekklisies surplombant le sanctuaire ont confirmé l’existence d’un système de fortification datant du 3e millénaire avant J.-C. Une tombe datée du 17e-16e s. av. J.-C. a également été découverte, contenant plusieurs squelettes et deux petits vases.
L’exploration du sanctuaire se double d’un projet de prospection de la région comprise entre Erétrie et Amarynthos (EASP). Au terme de la troisième campagne, 21 km2 ont été prospectés de façon systématique et méthodique, mettant au jour 189 structures (toutes périodes confondues). On relèvera la densité de l’occupation à la période byzantine sur les pentes du Servouni et le long de l’ancienne route qui relie Kotroni à Gymnou. Une dizaine de fermes isolées des époques classique et hellénistique ont également été repérées. Des analyses géomorphologiques visent à mieux comprendre les dynamiques d’érosion et d’alluvionnement et leur impact sur l’habitat et les pratiques agricoles et pastorales dans l’Antiquité.
Fouille au sommet de l’Hellanion Oros (Égine)
Le programme quinquennal de recherches sur le mont Hellanion Oros sur l’île d’Égine comporte deux volets : la fouille du sommet et la prospection archéologique de l’extrémité méridionale de l’île, autour du mont Oros. Lors de cette troisième campagne, les travaux de l’équipe gréco-suisse se sont concentrés sur la fouille d’une couche de destruction qui a livré quelque trente vases complets d’époque mycénienne. Ce sont près de quatre millénaires de fréquentation humaine qui ont été documentés au sommet de cette montagne, qui a servi de lieu de culte (sanctuaire de Zeus) et d’habitat.
Recherches sous-marines à Anticythère
L’équipe d’archéologues et de plongeurs suisses et grecs a achevé en mai-juin la troisième campagne de recherches subaquatiques sur le site de l’épave d’Anticythère. Les travaux s’inscrivent dans le cadre d’un programme de recherche quinquennal (2021-2025) de l’École suisse d’archéologie en Grèce, dirigée par l’Université de Genève. Les fouilles systématiques sous-marines ont profité de techniques de pointe comme des drones subaquatiques et de la photogrammétrie, et de l’installation d’un laboratoire scientifique de campagne sur l’île d’Anticythère; les recherches ont permis d’obtenir des nouvelles informations sur l’histoire de la formation du site et des éléments qui compèteront les connaissances actuelles concernant les passagers et la cargaison du navire
À la croisée des sciences de la vie et de la terre
L’étude des vestiges du passé n’intéresse pas les seuls archéologues et historiens. Des domaines toujours plus variés et pointus des sciences de la vie et de la terre sont mis à contribution pour mettre en évidence les indices ténus de matières périssables ou invisibles à l’oeil nu ou pour reconstituer les mouvements de population et les interactions de l’homme avec son environnement au fil des millénaires. Bien plus qu’un seul apport technique, ces scientifiques offrent un regard nouveau sur l’Antiquité et nourrissent les questions et les méthodes de l’archéologie. Portraits de quelques spécialistes associé·es aux recherches en cours à Amarynthos et à Érétrie, avec le soutien de la Fondation Stavros Niarchos.
Rapport public 2022
Au regard impassible et profond, une figure féminine tient dans ses bras un faon qui semble se blottir contre elle. Cette image forte, qui trouvera à n’en point douter sa place dans les livres d’art grec, fut partagée le mardi 4 octobre 2022 avec les 93000 lecteurs et les 7 millions de visiteurs en ligne du journal Le Temps, qui en fit sa «une». Un projet archéologique ne se résume jamais à un objet, mais la statuette découverte dans le temple d’Artémis le 12 juillet 2022 ne saurait manquer d’incarner les fouilles gréco-suisses de l’Artémision d’Amarynthos.
L’autre image forte de l’année 2022, reproduite cette fois par le New York Times du 30 juin 2022, nous plonge dans les profondeurs de la mer Égée, au large d’Anticythère: une tête en marbre d’un homme barbu qui, malgré les dépôts marins qui recouvrent son visage, conserve les traits d’un Héraclès, revoit la lumière après deux mille ans passés sous les flots.
Deux statues d’époques différentes, avec des trajectoires, des histoires et des contextes de découverte différents, mais qui témoignent toutes deux de l’extraordinaire connectivité de la Méditerranée antique. Ces trouvailles exceptionnelles mettent en lumière l’envergure des projets conduits par l’ESAG en 2022 et suscitent l’engouement du grand public.
À Amarynthos, la campagne de fouille a réuni une équipe de plus de 70 personnes —un record pour l’ESAG— composée d’archéologues, stagiaires, ouvriers, restaurateur·trice·s, micromorphologues et géomorphologues. La fouille du dépôt d’offrandes de la fin de l’époque archaïque, mis au jour en 2020, a été achevée, portant le nombre d’objets à près de 700. Cet ensemble extraordinaire permettra d’étudier les pratiques cultuelles et l’identité des dédicants.
L’exploration du sanctuaire se double d’un projet de prospection. Près 600 hectares ont été explorés entre 2021 et 2022, permettant la découverte de nouveaux centres d’habitat antiques dont un, situé à 1 km de l’Artémision, pourrait être le centre de dème d’Amarynthos, connu par les inscriptions. L’absence de vestiges d’habitat contemporains du sanctuaire sur la colline de Paléoekklisies suggère que la région alentour était consacrée à la divinité. La combinaison des données de fouille et de prospection permet ainsi de mieux comprendre la formation du paysage sacré érétrien, une thématique au cœur du programme de recherche actuel.
Dans le sud de l’Eubée, l’exploration et l’étude des «maisons des dragons» se sont poursuivies avec la fouille du complexe de Palli Lakka, au sud de Styra. La céramique récoltée dans les sondages permet de faire remonter sa construction à l’Antiquité. La fonction de ce complexe demeure cependant énigmatique, même si sa proximité avec des carrières de cipollino fournit un contexte économique et social pour l’époque romaine impériale.
Sur l’île d’Égine, une petite équipe a continué les recherches au sommet du Mt Oros, le plus haut sommet du Golfe Saronique, en collaboration avec l’Éphorie du Pirée et des Îles. Les travaux ont mis au jour des vestiges et de la céramique qui permettent de situer l’origine du lieu de culte dans la première moitié du second millénaire. Les nouveaux indices permettront de mieux connaître l’histoire de ce site à l’Âge du Bronze, tout en posant les bases d’une exploration plus systématique et ambitieuse dès 2023.
À Anticythère enfin, l’équipe de plongeurs a pu extraire plusieurs rochers qui avaient partiellement recouvert la zone du naufrage, à près de 60 m de fond, et mettre au jour un socle de statue et la tête en marbre déjà évoquée. Les découvertes spectaculaires réalisées en 2022 livrent de nouvelles informations sur la disposition du navire et les conditions de naufrage de la plus riche épave jamais découverte en Grèce.
Rapport public 2021
Malgré les difficultés liées à la pandémie de Covid-19 et aux terribles incendies qui ont ravagé la Grèce et l’Eubée en particulier, l’année 2021 fut animée par la volonté de retrouver une forme de normalité, en particulier dans les activités de terrain. L’École a ainsi conduit avec succès des fouilles et prospections à Amarynthos et à Ilkizès en Eubée ainsi que sur le Mont Oros à Égine et au large de l’île d’Anticythère.
À Amarynthos, la campagne 2021 a permis de préciser le plan et les phases du temple d’Artémis. Le dépôt d’offrandes de la fin de l’époque archaïque mis au jour en 2020 a pu être fouillé dans sa quasi-totalité. Par son état de préservation exceptionnel et sa grande richesse, ce dépôt est l’une des découvertes les plus spectaculaires réalisées ces dernières années en Grèce, abondamment relatée dans les médias suisses et grecs.
Depuis cette année, la fouille d’Amarynthos est renforcée par un projet de prospection, dont l’objectif consiste à préciser l’insertion du sanctuaire dans le paysage antique. Malgré la forte rurbanisation de la région, plus de 300 terrains répartis sur une zone de 12 km2 à l’est de la ville ont pu être prospectés. Plusieurs habitats antiques, des zones de nécropoles ainsi que des traces ténues de la voie sacrée qui reliait Érétrie à l’Artémision ont été repérés et documentés.
Dans le sud de l’Eubée, le projet d’exploration des « maisons des dragons » ou drakospita s’est poursuivi avec la fouille du drakospito d’Ilkizès, qui a livré de précieux éléments pour sa datation et l’interprétation de sa fonction. D’autres complexes à Palli Lakka et dans les alentours ont fait l’objet de relevés architecturaux, qui complètent notre compréhension de ces énigmatiques édifices.
Aux opérations eubéennes de l’ESAG se sont ajoutés en 2021 deux nouveaux projets de terrain. Le premier, mené en collaboration avec l’Éphorie du Pirée et des Îles, a pour but de documenter systématiquement les vestiges de l’Âge du Bronze et du début de l’Âge du Fer situés au sommet du Mt Oros, dont les pentes accueillent le sanctuaire de Zeus Hellanios, sur l’île d’Égine.
Le second projet concerne la fameuse épave d’Anticythère. Il a pour ambition de reprendre l’étude systématique de la documentation pour mieux comprendre le déroulement du naufrage, prélude à de nouvelles investigations sur le site. Une campagne préparatoire s’est déroulée en octobre 2021 avec une équipe de plongeurs qui a prospecté autour de l’épave.
Ces activités dans le terrain, complétées par les recherches des membres de l’ESAG, reflètent le dynamisme de l’archéologie suisse en Grèce, à l’heure où cette dernière célèbre le bicentenaire de la Guerre d’indépendance.
Rapport public 2020
2020 a été une année de contrastes à bien des égards. D’un côté, la pandémie de Covid-19, qui a considérablement restreint nos activités et nous a contraints à annuler la plupart des évènements publics, parmi lesquels la conférence annuelle prévue à Athènes pour le 12 mars, la célébration de la Fête nationale du 1er août à Érétrie, les visites guidées et portes ouvertes sur le chantier à Amarynthos, ainsi que la traditionnelle réunion de la Commission consultative de l’ESAG et de tous les archéologues suisses actifs en Grèce à Berne en novembre. De l’autre, des découvertes exceptionnelles dans l’Artémision d’Amarynthos, malgré une équipe de fouilles réduite à l’essentiel, sans la participation d’étudiants des universités suisses, et des dispositions sanitaires très strictes, afin d’éviter toute infection.
La campagne de fouilles conduites du 20 juillet au 28 août par Tobias Krapf et Thierry Theurillat a permis d’identifier avec certitude le temple d’Artémis longtemps recherché. Son dégagement a mis en lumière une phase plus ancienne ainsi qu’un riche dépôt d’offrandes de la fin de l’époque archaïque, parmi lesquelles des vases, des objets en métal, des sceaux en forme de scarabée et de nombreuses autres petites trouvailles. Les limites de l’espace sacré se sont également précisées avec la mise au jour de trois petits bâtiments en forme d’oikos entre les stoas nord et est.
Au cours de mes nombreuses années de recherche en Eubée, je me suis intéressé de près aux énigmatiques «maisons des dragons» du sud de l’île, ce qui a motivé un projet de relevé et de fouille dans l’une d’entre elles au lieu-dit Ilkizès pour en préciser la datation et la fonction. Seul le premier volet des investigations a pu aboutir cet été en raison des restrictions sanitaires, avec un premier nettoyage du bâtiment et une documentation photogrammétrique réalisés sur place par Chloé Chezeaux et Jérôme André (Université de Lausanne) assistés de Tobias Krapf.
En parallèle à ses activités, l’ESAG soutient le projet de recherches sous-marines dans la baie de Kiladha (Péloponnèse), dirigée par Julien Beck (Université de Genève) et Andreas Sotiriou (Éphorie des Antiquités sous-marines), qui s’est déroulé cet été sous un format réduit.
La collection Eretria, fouilles et recherches s’est agrandie cette année avec la parution des volumes XXIV par Guy Ackermann sur La céramique d’époque hellénistique et XXV par Thierry Theurillat, Guy Ackermann, Marc Duret et Simone Zurbriggen sur Les thermes du centre
ERETRIA XXIV ERETRIA XXVRapport public 2019
Au terme d’une année riche en découvertes, le bilan des recherches menées par l’École suisse d’archéologie en Grèce s’avère réjouissant. La fouille du sanctuaire d’Artémis Amarysia à Amarynthos a absorbé l’essentiel des ressources de l’ESAG. L’apport financier exceptionnel du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche a, en outre, permis d’acquérir un terrain situé sur le versant ouest de la colline Paléoekklisies, qui relie ainsi dans l’emprise du chantier le sanctuaire dans la plaine et le village préhistorique en hauteur. La découverte en 2017 d’inscriptions portant le nom de la déesse avait fini de lever le voile sur la localisation exacte du sanctuaire d’Artémis Amarysia. Un fragment de décret trouvé cette année confirme si besoin était cette identification, puisqu’il y est fait mention du sanctuaire de la déesse à « Amarynthos ».
À Érétrie, le programme de fouilles dans le gymnase s’est achevé par une ultime campagne, dont l’objectif était limité, mais non moins important. Il s’agissait de localiser les pistes de course à proximité de l’édifice, en particulier la paradromis, attestée par une inscription, ainsi que l’hypothétique stade. Grâce à des prospections géophysiques et des sondages exploratoires, des indices probants de l’existence de tels aménagements ont pour la première fois été apportés.
En parallèle à ses activités, l’ESAG soutient également le projet de recherches sous-marines dans la baie de Kiladha (Péloponnèse), dirigée par Julien Beck (Université de Genève) et Andreas Sotiriou (Éphorie des Antiquités sous-marines).
La collection Eretria, fouilles et recherches s’est enrichie du volume XXIII cette année. L’ouvrage de Kristine Gex présente les vestiges et trouvailles des époques classique et hellénistique de la fouille Bouratza, au centre de la ville d’Érétrie.
ERETRIA XXIIIRapport public 2018
La campagne de fouille à Amarynthos s’est déroulée du 25 juin au 3 août. Il s’agit d’un projet mené en collaboration entre l’École suisse d’archéologie en Grèce et l’Éphorie des Antiquités d’Eubée. Grâce à un soutien financier exceptionnel du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche, plusieurs terrains adjacents au chantier ont été achetés, permettant d’étendre les fouilles vers l’ouest. Plusieurs édifices ont été mis au jour, en particulier les soubassements d’un hypothétique autel, ainsi que des offrandes qui confirment l’identification du sanctuaire à Artémis, parmi lesquels un carquois en bronze, qui appartenait sans nul doute à une statuette d’Artémis.
Une seconde intervention a eu lieu dans la palestre sud d’Érétrie du 20 août au 14 septembre. La campagne avait pour principal objectif de préciser la datation des différentes phases du bâtiment. On relèvera la découverte de plusieurs dépôts cultuels (pyrai).
Les recherches sous-marines dans la baie de Lambayanna (Kiladha, Péloponnèse) se sont poursuivies avec succès. Ce projet est dirigé par Julien Beck (Université de Genève), en collaboration avec Angeliki Simosi (ancienne Éphore des Antiquités sous-marines) et Despina Koutsoumba (Éphorie des Antiquités sous-marines).
Rapport public 2017
Les fouilles à Amarynthos ont connu cette année un retentissement dont la presse internationale s’est faite l’écho: dix années après le premier coup de pioche dans le secteur, on a enfin pu apporter la preuve définitive que le portique monumental dégagé lors des précédentes campagnes délimite bel et bien le sanctuaire d’Artémis Amarysia. En attestent une série de tuiles estampillées au nom de la déesse et plusieurs inscriptions votives sur pierre au nom de la triade, Artémis, Apollon et Léto. Ces stèles et bases de statues, découvertes en remploi au bord d’un puits tardif, se dressaient à l’origine dans la cour du sanctuaire et le long du portique, où une quinzaine de soubassements a été mise au jour.
Une troisième et dernière campagne de fouilles s’est déroulée cet été dans le Gymnase d’Érétrie. Le dégagement s’est concentré sur les locaux au sud de la cour orientale, où ont été découverts les bras d’une statue en marbre plus grande que nature, appartenant selon toute vraisemblance à un général romain.
Le programme de prospections dans la plaine de Mazi, à la frontière entre l’Attique et Béotie, est également arrivé à son terme. Ce projet soutenu par l’ESAG est le fruit d’une collaboration entre Sylvian Fachard (American School of Classical Studies at Athens) et l’Éphorie des Antiquités de l’Attique de l’Ouest, du Pirée et des Îles.
Les fouilles subaquatiques dans la baie de Lambayanna (Kiladha, Péloponnèse) se sont poursuivies avec succès et ont permis la découverte de plusieurs édifices du début de l’Âge du Bronze. Ce projet est dirigé par Julien Beck (Université de Genève) et Despina Koutsoumba (Éphorie des Antiquités sous-marines).
Rapport public 2016
Quatre projets de recherche se sont déroulés sous l’égide de l’ESAG en 2016. A Érétrie, une seconde campagne de fouille dans le Gymnase avait pour objectif de poursuivre l’exploration de la partie orientale de l’édifice et de préciser les phases de construction de l’ensemble par des sondages ponctuels. La fouille d’un puits comblé à l’époque romaine a entraîné la découverte d’ossements humains et des deux avant-bras d’une statue en bronze d’un jeune homme.
L’exploration du site de Paleoekklisies, près d’Amarynthos, où l’on situe le sanctuaire d’Artémis Amarysia, a connu d’importants développements. Les fouilles qui s’y sont déroulées du 1er août au 9 septembre ont permis de mettre au jour un nouvel édifice en grand appareil, élevé à l’arrière du grand portique dégagé lors des campagnes passées. L’extension nord du portique a été repéré en limite de chantier. Il présente un coude vers l’ouest, encadrant ainsi l’espace où l’on situe le cœur du sanctuaire.
En parallèle à ses activités, l’ESAG soutient deux autres projets de terrain conduits par des chercheurs suisses. Le premier est le fruit d’une collaboration entre Sylvian Fachard (Université de Genève) et l’Éphorie des Antiquités de l’Attique de l’Ouest, du Pirée et des Îles, qui vise à étudier l’occupation humaine au fil du temps dans la plaine de Mazi, à la frontière entre l’Attique et Béotie. Le second est une fouille subaquatique en collaboration avec l’Éphorie des Antiquités sous-marines dans la baie de Kiladha en Argolide, placée sous la direction de Julien Beck (Université de Genève). Les travaux se sont concentrés sur le dégagement et le relevé d’un important site fortifié du début de l’Age du Bronze, en parti englouti dans la baie de Lambayanna.
Rapport public 2015
Deux fouilles étaient au programme de l’ESAG en 2015. La première s’est déroulée dans le gymnase d’Érétrie, situé au pied de l’acropole. Les travaux de restauration du monument (ESPA) ont mis au jour les fondations d’un second bâtiment, situé à l’est du premier. Un programme de fouille sur trois ans sous la responsabilité de Karl Reber a été initié en 2015 afin de préciser le plan et la chronologie de ce gymnase double, cas unique à ce jour en Grèce ancienne.
La deuxième fouille s’est déroulée à Amarynthos, dans le cadre des recherches sur le sanctuaire d’Artémis Amarysia. La fouille de la parcelle Baraboutis a permis d’explorer la partie orientale du grand portique découvert en 2012–2013 et de préciser son plan et sa chronologie. Ce projet de recherche, fruit d’une collaboration entre l’ESAG et l’Ephorie des Antiquités d’Eubée, est placé sous la responsabilité de Karl Reber et d’Amalia Karapschalidou.
L’ESAG a apporté son soutien administratif à deux projets de recherche qui se déroulent en dehors de l’Eubée. Sylvian Fachard (Université de Genève) a poursuivi la prospection archéologique de la plaine de Mazi, avec pour but l’étude des régions situées à la frontière entre l’Attique et la Béotie. Julien Beck (Université de Genève) a entrepris des prospections et des fouilles sous-marines dans la baie de Kiladha (Argolide) et découvert une cité fortifiée de l’Age du Bronze ancien (IIIe millénaire av. J.‑C.), aujourd’hui submergé.